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Série pour comprendre la réforme du lycée pro (et faire connaître tout simplement le lycée pro) #Episode4-partie1

Série pour comprendre la réforme du lycée pro (et faire connaître tout simplement le lycée pro) #Episode4-partie1

Ma série pour comprendre la réforme du lycée pro #Episode4-1

Retrouvez l’épisode 1 ici. Et l’épisode 2 . Et encore l’épisode 3 par là.

La réforme de la voie professionnelle – partie 1

Maintenant que vous maîtrisez le lycée pro actuel, quels sont les changements à venir, pourquoi ont-ils été décidé et quelles pourraient être leurs conséquences ?

Pour rappel, les deux mots clés des éléments de langage sont : « revaloriser la voie pro » (là, normalement, vous me dîtes que vous avez déjà entendu ça quelque part) et « filière pro d’excellence ». Pour le reste des éléments de langage, je vous renvoie aux vidéos sur le site de l’Education nationale, elles sont très bien faites.

1) Des métiers regroupés par famille.

Il y a actuellement beaucoup de bac pro différents, héritages parfois de traditions professionnelles, de spécialités, de moments où le métier recrute plus ou moins (par exemple quand j’ai commencé à enseigner, j’ai découvert les 2 bas pro du métier de chauffagiste : un en chaud – nos chaudières pour faire vite, un en froid – nos clims). Pour leur donner davantage de lisibilité, ils seront regroupés en 11 familles de métiers. La seconde pro sera indéterminée et permettra de découvrir plusieurs métiers avant la spécialisation en première.

Sur le papier, ça se tient, c’est cohérent, c’est plus lisible pour les familles. Mais souvent, le diable se niche dans les détails, ou pour le dire autrement, dans l’application pratique.

Morgane est en 3e. C’est le moment de son orientation. Elle rêve de faire esthétique. Elle a le choix entre indiquer dans ses vœux « bac pro esthétique » ou bien alors « métiers de la beauté et du bien-être », famille regroupant coiffure et esthétique.

Qu’est-ce que ça change pour Morgane ? On ne sait pas, on n’a pas encore compris pourquoi Morgane avait le choix car en vrai, la seconde ne sera pas différente, ce sera une seconde où elle aura une initiation en coiffure et une initiation en esthétique.

Enfin, pas en septembre parce que ce que Morgane ignore peut-être, c’est que le bac pro coiffure n’existe pas encore, ce sera peut-être à la rentrée 2020, quand le référentiel sera écrit et validé par la profession. En attendant, comme il n’y a pas de référentiel, Morgane va faire une seconde « Métiers de la beauté et du bien être » où on lui a dit qu’elle pourrait se spécialiser en 1ère sans cours de coiffure et sans bac pro créé.

Alors pourquoi, me direz-vous, se précipiter et ne pas prendre le temps d’élaborer une carte de formation professionnelle cohérente ?

Ben parce que le nouveau bac n’a pas tout à fait les mêmes horaires que celui d’avant. Au lieu de 4h par semaine de maths sciences, Morgane n’en aura plus qu’une heure et demi. Au lieu de 7 heures de lettres-histoire, Morgane n’en aura plus que 3. Au lieu de 14 heures d’enseignement professionnel, Morgane n’en aura plus que 11 heures.

Ca fait beaucoup d’heures en moins. Si on multiplie le nombre d’heures en moins par le nombre de bac par le nombre d’établissements, ça fait un paquet d’heures en moins. Un paquet de postes en moins. Un paquet de profs en moins. Je suis sûre que quelqu’un dans un bureau a fait le calcul, il faudrait lui demander.

2) La co-intervention

Le ou la député-e que vous allez interpeller après avoir lu cette série, tout indigné que vous serez, vous répondra peut-être qu’il n’y a pas d’heures en moins ni d’enseignement général en moins, que je n’ai rien compris aux nouveautés : la co intervention, le chef d’œuvre et l’accompagnement renforcé.

Commençons par la co intervention.

L’idée est que l’enseignement dispensé en général soit adapté au domaine professionnel. Pour cela, 3 heures par semaine, un enseignant professionnel interviendra sur une même heure avec un enseignant général.

Pour que ce soit concret, je prends un exemple diffusé sur le twitter officiel de l’Education Nationale :

Donc on se résume : tu es coiffeur, tu écris un texte sur les cheveux (idée comme ça : la liste des prestations en salon de coiffure). Tu es menuisier, tu écris un texte sur le bois (là j’avoue je n’ai pas d’idée). Tu es vendeur, tu écris un panneau d’accueil pour le supermarché.

J’arrête là.

Et donc là, comme vous suivez super bien, vous me dites que c’est contradictoire de mettre 2 profs pour la même classe la même heure. Que c’est pas le plus optimum en gestion d’effectifs.

Sauf si il n’y a plus de ½ groupes en enseignement général (en plus des heures supprimées) et si l’enseignement professionnel se fait de nouveau en partie en classe entière (genre la théorie comme la biologie appliquée à la peau pour les esthéticiennes. A 30, ça va être super sympa et bien entendu, ça va revaloriser le bac pro). Là, vous avez les heures pour la co intervention.

L’apport pour l’élève, pour ses apprentissages, pour le contenu de ce qu’il fait en une heure de cours, je ne l’ai pas encore bien vu.

Surtout que c’est pas comme si on ne faisait pas déjà de l’interdisciplinaire. Des projets communs. Ca fait longtemps que l’enseignement général s’inspire du professionnel en LP. Par exemple en terme de pédagogie. On enseigne souvent comme à l’atelier : partir de l’exemple, l’observer pour arriver à la théorie ; passer par le faire plutôt que le tout magistral et le théorique. Ca marche très bien pour comprendre l’argumentation. Vous faites observer plusieurs discours argumentatifs, puis vous faites une heure d’éloquence sur un sujet fort qui tient à cœur des élèves. Beaucoup plus efficace que leur apprendre les différentes figures de rhétoriques.

PS : dans le prochain épisode, suite de la réforme.

NathalieMaquoi
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