Top

EPISODE 1 : POURQUOI UNE SERIE SUR LA DEMOCRATIE ?

EPISODE 1 : POURQUOI UNE SERIE SUR LA DEMOCRATIE ?

Manifestation en faveur de la démocratie à Hong Kong, été 2019.

(OU POURQUOI C’EST NOUS QUI DEVONS CHANGER, ET PAS ELLE)

« Et si la démocratie n’était pas le meilleur des régimes ? ». 

La conversation commence comme ça, un soir d’été de 2017, à quelques milliers de kilomètres d’ici. Les élections présidentielles françaises avaient rythmé mon année. Trump dirigeait l’Amérique, Poutine la Russie. Je venais de trouver plusieurs exemplaires de différentes langues de Mein Kampfdans une librairie au Maroc, et le libraire m’avait expliqué que c’était très demandé, notamment pour sa critique féroce de la démocratie. 

« C’est vrai, regarde, elle a mis au pouvoir Poutine et Trump. Même en France, vous risquez d’avoir Marine Le Pen. Et puis qu’est-ce qu’elle apporte de mieux dans la vie des gens ? Ne seraient-ils pas plus heureux dans un régime plus directif ? Qui prend les choses en main, et au moins satisfait une part des attentes ? »

Cet été-là, la petite musique de confier le pouvoir à quelques-uns, à une aristocratie politique compétente, agissant vite, sachant quoi faire, revenait sans cesse. La tentation omniprésente d’un pouvoir fort, pour remettre de l’ordre dans le désordre.

D’ailleurs, en France, même des partisans farouches de la démocratie, devant les résultats des dernières élections, doutaient face à la crise politique profonde : le président de la République élu sur un socle électoral minoritaire ; une nouvelle assemblée ne représentant pas la majorité des citoyen.e.s ; un.e citoyen.e ne votant plus en fonction de l’intérêt général, mais de son propre intérêt.

Si chacun vote en fonction de son propre intérêt, l’emportent les plus nombreux.ses à avoir cet intérêt-là, et celles et ceux en capacité de se mobiliser. Le suffrage universel combiné à une forte abstention offre le pouvoir à quelques un.e.s, non représentatifs. La démocratie ressemble alors aux autres régimes. Elle reproduit des rapports de forces et rien d’autre.

Il est facile de décréter qu’elle n’est pas la bonne solution pour assurer le gouvernement d’une société. Il est facile de se réfugier dans la tentation d’un homme providentiel (je dis bien un homme).

Versailles, symbole du pouvoir absolu, aimé de Louis XIV, Napoléon. Notamment.

Et si c’était nous qui devions changer, nous qui devions faire nous transformer ?

La question posée derrière la crise de la démocratie est celle du pouvoir. Qui a le pouvoir ? Pour combien de temps ? Comment s’organise la concurrence pour son obtention ? Est-il régulé ? Comment s’organisent les contre pouvoirs ?

Cette question est cruciale dans un contexte où la mondialisation réduit les marges de manœuvres politiques. Dans un contexte de transformations profondes des sociétés dans lesquelles nous vivons : des modes de production, des façons de travailler, d’éduquer. Dans un contexte de changement climatique que plus personne ne peut nier désormais. Dans une contexte où les membres des couches les plus défavorisées de la société perdent l’espoir d’une ascension sociale possible sans faire la révolution.

Prenons un peu le temps de réfléchir à ce qui pourrait être une façon de vivre démocratique.

D’abord, elle nous demande d’être des adultes. C’est-à-dire des êtres éclairé.e.s, responsables des autres et des générations futures, choisissant des politiques, les sanctionnant lorsqu’elles doivent l’être.

Elle nous demande le meilleur, à nous qui élisons, comme à nous qui sommes élu.e.s.

Le meilleur, c’est d’abord de développer les qualités humaines nécessaires à un fonctionnement démocratique : la raison, la sensibilité, la capacité à discuter.

Surtout la capacité à discuter.

Car la belle idée de la démocratie est que le débat rend compétent. Plutôt qu’invectiver nos ennemis, supprimer la liberté d’expression, elle nous demande d’être capable d’y répondre, même si le débat n’est pas facile.

C’est sûr, c’est plus exigeant que d’interdire. C’est plus exigeant qu’éructer. C’est plus exigeant qu’une petite phrase. C’est plus exigeant qu’une manœuvre.C’est accepter la pluralité des expressions, donc la différence. C’est supporter qu’il n’y ait pas de vérité indubitable. La démocratie est ce régime enjoignant à l’acceptation de la diversité.

Le débat rend compétent

Et si nous étions à la hauteur dans le 20?

Et si nous étions capables du meilleur, de vouloir le bien commun ? Et si nous nous imposions une éthique ? Et si nous faisions le pari que la démocratie n’est pas seulement une façon parmi d’autres d’organiser nos sociétés ?

Alors, peut-être, à l’occasion des prochaines municipales, nous réussirons à mobiliser plus de 50% des électeurs/trices du 20e. Alors peut-être pouvons-nous saisir cette occasion pour trouver une citoyenneté active. La balle est dans notre camp.

NathalieMaquoi
Pas de commentaire

Poster un commentaire