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Le Théâtre de Ménilmontant, lieu essentiel populaire du 20e, doit réouvrir

Le Théâtre de Ménilmontant, lieu essentiel populaire du 20e, doit réouvrir

Le théâtre de Ménilmontant est profondément lié à l’histoire du 20e. Notre arrondissement accueille depuis le XIXe siècle ouvriers et fabriques. Les conditions de vie sont difficiles. Des initiatives voient le jour pour améliorer la situation des plus démunis et des travailleurs pauvres. Elles prennent parfois la forme de coopératives, d’associations, et aussi s’inscrivent dans le cadre de l’action sociale des chrétiens.

Le théâtre de Ménilmontant est né de la rencontre de paroissiens et de l’ordre de Saint-Jean-de-Bosco. Le projet est d’offrir un lieu d’éducation populaire, où les habitants peuvent pratiquer le théâtre, et ensuite, au début du XXe siècle, un théâtre au cœur de Ménilmontant.

Le théâtre gagne en notoriété et son nom quand Guy Rétoré et sa troupe s’y installent en 1957, développant un théâtre soucieux d’être exigeant, populaire, accessible. Après le départ de Guy Rétoré, se côtoient rue du Retrait une école, un patronage et bien sûr des spectacles dans la salle de théâtre. Notamment la Passion, montée chaque année par des amateurs investis.

La richesse du théâtre de Ménilmontant, c’était de fédérer compagnies professionnelles comme amateurs, praticiens de yoga, amateurs de danse et de théâtre venant suivre un cours hebdomadaire, jeunes venant se former avec Eva Saint-Paul, salariés passionnés, spectateurs. Bref des milliers de personnes.

Depuis décembre 2018, le théâtre de Ménilmontant est fermé.

Je ne pourrais dire aujourd’hui avec certitude quelles sont les raisons de la fermeture. Par contre, pour tout cet écosystème, elle est dramatique. Les premières victimes sont les associations, artistes et compagnies, les salariés qui n’avaient rien demandé, n’étaient pas responsables de la situation financière dans laquelle se trouvait l’association en charge de la gestion du lieu, ni du contrat signé entre elle et une entreprise de production, ni des rapports avec les propriétaires. Cette fermeture brutale, décidée du jour au lendemain, laissant associations et artistes devant un rideau baissé, la plupart sans information, a déclenché une course contre la montre pour survivre : trouver un endroit pour jouer son prochain spectacle alors que des producteurs justement devaient venir le voir ; trouver un endroit pour poursuivre son école sinon la formation des élèves s’arrête et leur avenir professionnel se complique sérieusement ; trouver un endroit pour dispenser ses cours quand les usagers ont payé l’année.

Troupes, associations, habitants, élus sont mobilisés pour dénoncer, demander la réouverture du théâtre.

La première réaction dans les jours qui ont suivi la fermeture a été de rencontrer les propriétaires du lieu, les Pères Salésiens, et de leur signifier l’importance de ce lieu pour le 20e, la nécessité qu’il ouvre vite à nouveau en conservant la vocation culturelle et de diffusion de spectacle vivant. Pour cela, les élus de la majorité municipale du 20e ont adressé une lettre ouverte interrogeant les propriétaires sur l’avenir du théâtre, en rappelant que l’ordonnance de 1945 protège les lieux qui diffusent du spectacle vivant : il faut l’autorisation du Ministre de la culture pour changer la destination. J’ai d’ailleurs immédiatement saisi le Ministre de la Culture par courrier pour attirer son attention sur le lieu.

Nous avons appelé à un rassemblement organisé par un collectif rassemblant artistes, salariés, habitants, amis du théâtre : plus de 300 personnes se sont retrouvés un lundi soir de décembre, patientant de longues heures dans le froid pendant qu’une délégation était reçue par les propriétaires. La mobilisation des habitant-e-s et artistes en quelques jours montre l’attachement au théâtre, à sa dimension populaire.

Depuis décembre, la mairie du 20e met tout en œuvre pour que le dialogue se fasse entre les différentes parties dans un seul objectif : la réouverture d’un lieu culturel essentiel, populaire et accessible, ouvert sur son territoire, accessible aux amateurs comme aux professionnels, accessible aux habitants et impliqué dans la vie du quartier. J’ai donc vu à de nombreuses reprises les Pères Salésiens, les propriétaires du lieu, ainsi que le collectif d’associations et d’habitants créé suite à la fermeture.

Dans l’avenir, un lieu culturel partagé

Mon sentiment est qu’il est possible de s’appuyer sur la richesse incroyable du 20e en terme artistique et d’engagement pour construire un projet futur. D’inventer un lieu où l’usage soit commun. Ce serait une très belle expérience de construction d’un projet partagé entre différents acteurs d’un même territoire. Je suis prête à mettre toute mon énergie pour y aboutir.

Retrouvez mon intervention sur France Inter dans Un temps de Pauchon pour défendre la réouverture du Théâtre de Ménilmontant ici.

NathalieMaquoi
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