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Quel avenir pour le Périph ?

Quel avenir pour le Périph ?

De novembre 2018 à avril 2019, j’ai participé à la mission du Conseil de Paris réfléchissant à l’avenir du boulevard périphérique à court, moyen et long terme.

Qu’est-ce qu’une mission ?

Tous les 6 mois, à l’initiative d’un groupe politique du Conseil de Paris, de la majorité comme de l’opposition, une représentation du Conseil de Paris travaille autour d’une question municipale et produit un rapport ainsi que des préconisations à la Maire de Paris. A titre d’exemples, les élu-e-s ont réfléchi à la qualité du périscolaire à Paris, à Fabriquer à Paris, à l’interculturalité, à la propreté durant cette mandature.

Pour la dernière mission, le conseil de Paris a décidé de prospecter sur un sujet d’avenir : que faire du boulevard périphérique ?

Pendant 6 mois, une dizaine d’élu-e-s représentatifs de tous les groupes du conseil de Paris ont auditionné des urbanistes, des spécialistes des transports, des assos engagées pour la transformation des autoroutes urbaines, des représentants de la logistique urbaine, des architectes, des artistes, les services de la Ville de Paris concernés par cette question.

L’objectif était de faire un état des lieux sur la situation du boulevard périphérique, ses possibilités d’évolution d’ici 2024, d’ici 2030 et au-delà de 2030.

Qu’en est-il ressorti ?

Un premier consensus s’est fait assez vite sur l’état des lieux : les nuisances du boulevard périphérique sont insupportables, et nous avons toutes les données pour le prouver.

Personne ne peut dire aujourd’hui qu’il ignore les nuisances sonores pour les riverains du Périph, qui supportent jour et nuit des décibels largement supérieurs au maximum conseillé. Et ce malgré les murs anti bruit. Et ce malgré la réduction de la vitesse. Et ce malgré les changements de revêtement. La situation s’est améliorée, mais elle n’est pas satisfaisante.

De même, personne ne peut ignorer les nuisances de la pollution générées par le Périph et ses conséquences en terme de santé. Les taux maximum de pollution de l’air sont régulièrement dépassés. Les riverains la subissent de plein fouet, encore plus aux portes de Paris, notamment celles qui accumulent les arrivées d’autoroutes et ses échangeurs comme la Porte de Bagnolet et l’A3.

Il est donc impératif de faire évoluer le Périph.

Un deuxième consensus s’est fait sur la nécessité de penser l’évolution en lien avec les communes limitrophes, la métropole et la région. Le Périph fait partie d’un ensemble routier plus large que cet anneau autour de Paris. La plupart des usagers qui l’empruntent ne sont pas Parisiens. C’est pourquoi nous suivons avec attention les travaux entrepris par le Forum métropolitain pour envisager l’évolution des autoroutes en Ile-de-France qui seront rendus publics début juin.

Quelles convictions et propositions cette mission m’a inspirées ?

Avec le groupe Génération.s que je représentais pour cette mission, nous avons choisi de verser au pot commun de la discussion les propositions suivantes, après avoir mené des réunions d’échanges dans le 12, 14 et 20e arrondissements.

Ces réunions sur l’avenir du Périph m’ont permis de réaliser à quel point ce sujet intéressait les riverains, leur envie d’y contribuer, de s’informer, et surtout leur capacité de mobilisation pour que le Périph évolue rapidement. Les nuisances engendrées par le Périph sont avant tout insupportables pour eux.

Lors de ces réunions, aborder la question du Périph permet d’aborder les évolutions possibles de Paris. Faut-il construire ? Qui doit décider ? Comment relever les enjeux écologiques ? Quels sont les liens avec nos voisins ? Quel urbanisme pour vivre mieux ? Comment faire territoire ?

  1. Pas d’avenir du BP sans débat citoyen.

Plusieurs options d’évolution sont aujourd’hui envisagées et discutées entre experts, entre élu-e-s. Il est essentiel que ce débat soit aussi partagé avec les citoyens du Grand Paris pour prendre en compte l’avis des usagers et des riverains.

Une des façons d’envisager les évolutions futures du Périph avec les citoyens est de permettre par des fermetures temporaires, partielles ou totales, l’expérimentation citoyenne de nouveaux usages : par exemple un dimanche pour une course à pied ; par exemple une nuit pour la Nuit Blanche ; par exemple un dimanche pour laisser libre à la promenade et à la réappropriation piétonne de cet espace.

  • Un débat qui ne souffre pas de démagogie, une approche séquencée dans l’espace et dans le temps.

Le Périph n’est pas un objet uniforme : nous pouvons réfléchir à son évolution par morceaux correspondant à sa morphologie (quand il est enterré, en viaduc ou en surface) et les portions qui posent aujourd’hui le plus problème, nécessitant un accord des différents pouvoirs publics à court terme.

Ainsi, nous proposons de prioriser d’abord les territoires cumulant entrées de Paris et arrivées d’autoroutes : Porte de Bagnolet, Porte de la Chapelle, Porte de Bercy, Porte d’Orléans, Porte Maillot, Porte d’Italie.

Dans le cadre d’évolutions possibles, nous suggérons de :

  • Traiter en priorité ces territoires
  • Réduire le nombre de voies à un maximum de 2 fois 3 voies.
  • Recommander au forum métropolitain de ne plus laisser des autoroutes arriver au cœur de la zone dense, de la traverser. Et ainsi requalifier les échangeurs.
  • De prêter une attention particulière aux portes, plus polluées dans ces cas là que le périph lui même.

L’approche séquencée se fait aussi dans le temps :

  • 2024, ce n’est pas seulement les JO, c’est l’urgent, ce qui ne peut pas attendre : les portes déjà citées, les espaces signalés par exemple par les communes limitrophes comme la crèche en bordure de Malakof. C’est aussi interdire la circulation des camions en transit, réduire la vitesse à 50 km/h. C’est automatiser la circulation alternée en cas de pics de pollution. C’est réserver une voie pour la logistique, le co voiturage, les véhicules électriques, les taxis, les bus de transport en commun.
  • 2030 : avec la réalisation du grand Paris Express et les confirmations d’évolution des mobilités, les résultats des premières expérimentations d’occupation temporaire du Périph, une 2e étape d’évolution peut être envisagée : introduction d’autres usages pérennes que la circulation de véhicules thermiques. La remise en pleine terre des voies non utilisées là où c’est possible peut par exemple être systématisée.
  • Préserver l’espace libre, ne pas en faire un nouvel espace de spéculation foncière.

Le BP est aujourd’hui une voie à circulation rapide ; les possibilités de construire à proximité sont limitées.

En cas d’évolution, nous proposons de ne pas construire. Et ce pour 3 raisons :

  • la structure continuera encore à servir aux mobilités, à desservir un cœur de zone dense, notamment pour son approvisionnement ;
  • Le Périph est au cœur de la zone dense, à équidistance de Châtelet et de la fin de cette zone dense. Sa surface occupe l’équivalent d’un arrondissement. Garder un espace de respiration, ne pas ouvrir une opportunité d’une spéculation foncière de plus, permet d’améliorer considérablement la vie des riverains. C’est de plus envoyer un message clair à tous ceux et celles qui rêvent d’espaces supplémentaires pour des opérations immobilières génératrices de beaucoup d’argent : Paris régule. Paris n’accorde pas qu’une valeur monétaire à son foncier ;
  • Préserver cet espace laisse toute option ouverte aux générations suivantes pour une évolution à plus long terme. En 2050, quelles seront les mobilités ? Paris aura-t-elle besoin de pleine terre à proximité pour se nourrir ou réduire sa chaleur ?
NathalieMaquoi
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