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Série pour comprendre la réforme du lycée pro (et faire connaître tout simplement le lycée pro) #Episode1

Série pour comprendre la réforme du lycée pro (et faire connaître tout simplement le lycée pro) #Episode1

Ma série pour comprendre la réforme du lycée pro #Episode1

Aujourd’hui, c’était la première réunion sur la mise en application de la réforme de la voie professionnelle au lycée. Une collègue me fait remarquer que nous sommes accueillis avec le café, le thé, les gâteaux et l’humour, c’est donc qu’on va se faire avoir.

Et on s’est fait avoir.

Qui est ce « on »?

Nous les profs. Nous les profs d’enseignement général particulièrement.

Les élèves. Les élèves de la voie professionnelle. Un jeune sur trois en France. Majoritairement issus des classes populaires, c’est-à-dire dont les parents sont ouvriers, employés, chômeurs, sans emploi. Ceux dont on ne parle pas alors que 80% d’une classe d’âge au bac c’est grâce à eux, grâce à la création du bac professionnel. Un vrai bac qui ouvrait la voie de l’enseignement supérieur : le BTS, la licence, parfois les IUT.

Ceux et celles dont parle si bien Vincent Jarousseau dans son magnifique livre « Les racines de la colère ». De Loïc, titulaire d’un CAP cuisine. De Tanguy et son BTS Maintenance industrielle. De Manu et son CAP employée de bureau. De Laëtitia et son BEP Electrotechnique. Son mari Adrien et son BEP Maintenance des systèmes automatisés. Fatima et son BTS commerce. Martine et son CAP à la personne.

Bref, je m’arrête là, vous avez compris le principe.

En ce moment, juste à côté de la loi Blanquer, il y a une réforme de la voie professionnelle dont pas grand monde ne parle, à part les sites dédiés à l’éducation comme le café pédagogique ou l’AEF. Pourtant, ce qui se prépare pour un jeune sur trois, c’est une formation uniquement centrée sur l’acquisition des compétences pour être ouvrier et employé.

Et y rester.

Dans cette optique là, plus besoin de beaucoup d’enseignement général. Pas tout à fait une heure par semaine d’histoire géographie en terminale suffira. Autant en français. Les programmes sont en conséquence : vides.

Certains diraient qu’il n’y a pas besoin de comprendre le monde ou d’avoir lu Wajdi Mouawad pour changer une chaudière, faire une épilation, vendre un jean chez H&M.

J’alterne la colère et la déprime depuis des mois.

Et puis m’est venu ce matin en écoutant des exemples de co-intervention (ne vous inquiétez pas, si vous suivez ces épisodes, vous saurez tout sur l’accompagnement, la co-intervention, le chef d’oeuvre), c’est que ceux qui avaient pondu cette réforme ne savaient tout simplement pas ce qui se passait dans les lycées pro. Ils n’avaient aucune idée du contenu de ce qu’on faisait, des progressions et des parcours qui s’y construisaient.

Alors je vous propose qu’on commence par là la prochaine fois. Qu’on se fasse un panorama de la voie pro. On se demandera pourquoi il y a des filières qui offrent des emplois mais pourtant ne recrutent pas. On se demandera à quoi ça sert le bac pro et qu’est-ce qu’on y apprend. On parlera stage, pédagogie d’ateliers, bienveillance, accueil.

Et toutes les questions que vous vous posez.

PS : Je mets ce texte en public pendant la période où la loi Blanquer est encore en discussion et donc où comme enseignante je peux encore m’exprimer sans être sanctionnée.

NathalieMaquoi
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